Pause

Bonjour, 

Parfois il est nécessaire de recadrer ses priorités, ses besoins et obligations. Je suis en phase de réflexion sur ce que je souhaite faire avec L'Essentiel. 
Est-ce que je continue l'aventure ou est-ce que je choisi de faire autre chose?
Mes activités sont donc en pause pour le moment.  


Nous travaillons déjà ensemble?
Ne vous inquiétez pas on terminera votre accompagnement
peu importe ma décision finale. 
Je prends mon travail et votre bien-être très au sérieux. 


Merci, 
Isabel

Le cadeau, un don jamais gratuit

Par Marion Chaîgne

© Jupiter

Bientôt la fin d’année et son inévitable course aux emplettes… Joie ou corvée, notre façon de donner comme de recevoir est rarement innocente. Une bonne intention en cachant souvent une autre…

Aucune attention n’est neutre. Elle engage non seulement celui qui donne mais aussi celui qui reçoit. Sauf, peut-être, quand le Père Noël descend dans la cheminée pour couvrir de jouets ces chers petits. Ce jour-là, les parents savourent pleinement – et anonymement – le simple bonheur d’offrir, et les enfants, qui ne doivent remercier personne, expérimentent un plaisir pur. L’adulte, lui, est plus réaliste. Devant la gratuité d’un cadeau, il a perdu son innocence. D’où le casse-tête des présents de fin d’année.

Pour faire plaisir ou pour plaire… ?

Une corvée ? Pas du tout ! vous défendez-vous. Votre envie de dire votre amitié, votre amour est parfaitement spontanée et sans arrière-pensée. Vous adorez faire des cadeaux. Vous vous sentez généreux, créatif, riche. La psychothérapeute Isabelle Filliozat le confirme : « Donner rend heureux car, dans cet acte, on fait preuve de sa force, de sa vitalité… On est alors en état de prospérité. On a le sentiment qu’il y aura toujours assez d’énergie en nous. » (L’Intelligence du cœur, Marabout, 1998)

Mais, à la réflexion, vous reconnaissez attendre aussi quelque chose en retour. « Cela me donne un petit pouvoir sur les miens… J’espère qu’ils m’apprécieront encore plus», raconte une mère de famille. Mais là, la thérapeute vous rappelle à l’ordre : «Le don est gratuit, sans attente. Si vous donnez pour être remercié, apprécié, honoré, congratulé… vous achetez l’opinion d’autrui.»

Elyane Alleyson, spécialiste de l’analyse transactionnelle, se montre plus nuancée : «Certes, le don n’est pas un investissement mais il n’est pas non plus totalement gratuit. Son but est aussi d’éveiller une réaction de l’autre.»
Notre façon de donner – ou de recevoir – traduirait donc notre personnalité ? Assurément, affirment les psys. Que penser, par exemple, de celui qui préfère battre en retraite devant cet échange « conventionnel » qu’est le cadeau, et qui protège son portefeuille d’un condescendant : « Ridicule cette manie de jeter l’argent par les fenêtres » ? En voici un qui a tout simplement oublié de grandir, expliquait le psychanalyste Erich Fromm : « La personne dont le développement caractériel n’a pas dépassé le stade où prévaut la tendance à recevoir, exploiter ou amasser, effectuera des dons dans ce même esprit. » (L’Art d’aimer, Desclée de Brouwer, 1983)

A l’inverse, celui qui submerge les autres de cadeaux serait-il plus spontané ? Pas si simple. Tout dépend de la motivation de chacun. « Si vous effectuez un don, reprend Isabelle Filliozat, pour éviter de vous sentir coupable ou pour maintenir la chance de votre côté, vous n’êtes plus dans le sentiment d’abondance. Au contraire, vous manifestez déjà la peur de manquer. » Un excès de générosité est donc tout aussi suspect : il peut dévoiler notamment une relation ambiguë à l’argent que vous gagnez. « On s’empresse de dépenser ce que l’on n’est pas très sûr d’avoir acquis avec sa propre créativité, ses propres capacités. »about:blank

C’est l’intention qui compte

Cela dit, la majorité d’entre nous afflue vers les boutiques et les grands magasins, animée des meilleures intentions et ne cherchant à manifester à son entourage qu’affection et amitié. Les fêtes de fin d’année ne sont-elles pas une occasion de dire à l’autre qu’il n’est pas seul ?

Mais attention : un bon sentiment peut en cacher un autre. Vouloir, par exemple, régler gentiment des comptes : « Pour Albert qui critique ma cuisine, un recueil de recettes enroulé dans un tablier à l’effigie de Maïté ! » Ou se laisser aller à un désir « inavouable » : « Tiens, pourquoi lui ai-je acheté une valise ? Ai-je envie qu’elle me laisse seul un moment ? Ou plus longtemps… » Qui n’a jamais succombé au marchandage mental ? « Pas question de mettre ce prix-là pour lui ! » Une petite introspection peut parfois s’avérer fort utile, conseille Isabelle Filliozat : « Vous n’arrivez pas à donner à certains parents ou amis… C’est un symptôme qu’il faut écouter. Car quelque chose fait sûrement obstruction : peut-être une colère non dite ou une vieille rancœur. »

Parfois, cependant, les motivations ne sont même pas dissimulées : « Avec une montre pareille, il sera bien obligé de m’aider. » « Je lui offre ce cachemire triple fil et je suis quitte. » « Et toc ! Comment va-t-il répondre à ces cigares Cohïbas introuvables ? » « Des pantoufles bourrées de fleurs d’oranger, est-ce assez clair ? » etc. Entre ceux qui attendent un retour à la hauteur de leur offrande, ceux qui ne veulent rien devoir à personne, ceux qui se battent par cadeaux interposés et ceux qui transmettent des messages, tous les goûts sont dans la nature.

L’épreuve du choix

Pour choisir un cadeau, nous essayons, la plupart du temps, de nous mettre à la place du destinataire. Qu’est-ce qui lui plairait ? Les passionnés de littérature, de musique ou de pêche à la ligne sont évidemment les plus faciles à satisfaire. Mais il y a aussi ceux qui ont tout et ceux qui n’aiment rien, ceux qui nous laissent indifférents et ceux qui paralysent notre inspiration : « Il n’aimera jamais ! » Le défaitiste ou l’égocentrique ont trouvé la parade : ne rien acheter ou bien acheter ce qui leur plaît à eux ou selon ce qu’ils ont envie que l’autre soit. C’est la classique histoire de la « robette à fleurs » pour l’adolescente rebelle aux pulls déchiquetés. Finalement on ne peut donner que ce que l’on a reçu, entend-on souvent. « C’est justement l’inverse, reprend cette mère de famille. Mon bonheur à offrir vient de mes rêves d’enfant, des cadeaux que je n’ai jamais reçus. »

Les hommes ne sont pas les plus à l’aise dans cet exercice. Ce n’est pas leur générosité qui est à mettre en cause mais plutôt leur méconnaissance des règles du jeu. « Le jour même de la fête ou, au mieux, la veille, ils arrivent paniqués, raconte une vendeuse du rayon lingerie d’un grand magasin. Ils ne connaissent pas les goûts de leur femme, rarement leur taille qu’ils évaluent en fonction de la mienne, plutôt enveloppée ! Et, en général, ils font des gaffes. » Ou bien, ils ont oublié le nom du parfum de leur compagne… Côté jouets, en revanche, c’est plus facile : « Ils savent à peu près ce qu’ils veulent et, comme ils sont pressés, ils ne comparent pas les prix : les clients idéaux ! »

Ce sont donc souvent les femmes qui prennent en charge l’achat des cadeaux. Elles connaissent les besoins et les goûts de tout leur petit monde. Une compétence qui s’affirme jusque dans l’emballage composé, avec amour, de papiers colorés et de rubans froufroutants.

Savoir recevoir

A priori, nous aimons tous les cadeaux ; pourtant, la manière de les recevoir est assez révélatrice, affirme Elyane Alleyson : «Savoir accueillir des présents rend apte à en donner. Car cela implique de se laisser transformer et renouveler par le don.» Autrement dit, c’est une attitude loin d’être passive.

Est-ce la raison pour laquelle il est parfois difficile de dire simplement merci ? «Il ne fallait pas», entend-on souvent, et la politesse devient presque injurieuse. «C’est le reflet d’un sentiment d’indignité, commente Isabelle Filliozat. Tout se passe aussi comme si nous cherchions en permanence à limiter l’émergence d’affects trop forts.» «Si l’on n’accueille pas le don avec gratitude c’est qu’on ne la ressent pas, analyse pour sa part Elyane Alleyson. Car recevoir implique une dette, une réciprocité.»

Il est cependant des cas où masquer sa déconvenue n’est pas aisé. Quand le présent est inapproprié : « Il n’y avait que ces impressions panthère ? » Désobligeant : un pull usagé pour la baby-sitter. Empoisonné : le livre édité à compte d’auteur… offert par l’auteur lui-même. Semeur de zizanie : le chiot. Nouveau : gageons que la boîte de Viagra remplacera, cette année, le préservatif grande taille… Et, en réponse, la palette des réactions décrit la large gamme des comportements humains.

– Les angoissés : «Pourquoi ce parfum, tu n’aimes pas le mien ?»

– Les agressifs : «Une cravate, quelle surprise ! C’est une habitude ou une manie?»

– Les ironiques : «Tout Proust dans La Pléiade ! Super, n’oubliez pas de m’enterrer avec.»

– Les inélégants : « Merci, je l’ai déjà.»

– Les suspicieux : «Tu as quelque chose à te faire pardonner ? »

« Ce sont des manières de dévaloriser le donateur et de transformer le don en dû », diagnostique Elyane Alleyson.
Cependant, il faut bien l’avouer, certains cadeaux sont vraiment embarrassants. Exemple type : l’épouvantable statuette qu’un ami nous a offerte et qu’il nous faut extirper de sa cachette dès qu’il vient dîner. Le pire étant celui qui crée un sentiment d’obligation. Le rendre est insultant, le garder revient à accepter qu’une relation s’instaure. Dilemme. Mais qu’importe ! Cette année encore, nos cadeaux seront autant de douceur partagée. Certaines familles en limitent désormais volontairement les prix : « Rien à plus de 50 F. » D’autres font une donation commune aux Resto du Cœur. En tout cas, pour la plupart de nous, donner et recevoir restent le privilège joyeux de croire ou de jouer encore au Père Noël.

Règles

Un peu de bon sens
Vous donnez
C’est l’intention qui “coûte” : un petit mot tendre caché dans un modeste cadeau le rendra inestimable. Soyez attentif aux signes : si, en visite chez vous, un ami s’exclame : « Ton vase est magnifique », souvenez-vous-en, c’est une piste.Pour les adolescents, un conseil demandé à leurs amis évitera certaines déconvenues. Si vous n’êtes pas très sûre du cadeau que vous offrez, précisez qu’il peut être changé sans vous décevoir.
Attention au cadeau trop « performant » : celui dont le prix écrase le bénéficiaire. Evitez le cadeau inutile : mieux vaut un bon CD qu’un décapsuleur hydraulique.

Vous recevez
Remerciez chaleureusement et sans circonvolutions. L’humour est la meilleure réponse à un cadeau inadapté. N’oubliez pas le cadeau chez vos hôtes en partant…

Histoire

Notre ancêtre, le Père Noël
Le Père Noël descend sur Terre le 25 décembre, « jour de naissance » des divinités solaires orientales à l’origine des religions grecques et romaines, nous apprend l’historien Mircea Eliade. Comme Hélios et Râ, il se déplace en char. Créé, dit-on, en 1822 par le révérend Moore, un pasteur luthérien américain, il ne charge sa hotte de cadeaux qu’au début du XXe siècle. Les raisons en sont imprécises. Pour libérer l’enfant d’une dette trop lourde ? Pour lui permettre l’apprentissage de la gratuité du don ? Pour symboliser une chaîne de transmission ? Le Père Noël serait, en fait, un ancêtre qui descendrait sur Terre pour offrir un présent aux enfants. Pour Jacques T. Godbout, auteur de L’Esprit du don (La découverte, 1992), sa dimension est plus étendue. « Il ouvre l’univers fermé de la famille moderne. Il rétablit le lien avec le passé en même temps qu’il unit les enfants à l’espace et au reste de l’univers. C’est pourquoi il vient de si loin, du pôle Nord. »